Chassez le naturel...
Bonjour Msieudames,
Jusqu'à environ 10 minutes, tout allait bien dans ma nouvelle vie.
Vraiment bien.
Je me plais dans ma campagne, je suis proche de ma famille, y a plus de vent, bon, ça fait 2 ou 3 jours qu'on se caille sévère, mais c'est national, hein, spa juste un microclimat villageois, les locaux nous aiment bien, même nos voisins nous apprécient. La preuve, hier soir, ils nous ont invités à manger des crêpes. Les nouveaux voisins, on avait même réussi à leur faire croire que j'étais normale, cultivée, débrouillarde. Spa compliqué de faire croire des trucs aux gens, faut juste savoir se taire quand il faut et/ou changer habilement de conversation, et surtout, ne pas se mettre dans une situation périlleuse. Parfois, on les voyait lever un sourcil, surpris, à une réflexion ou une attitude, qui, malencontreusement, m'avait échapée. Mon Pou et moi rigolions bien en disant : hahaha, tu as trop forcé sur tes médicaments, hein ^^ Tout le monde rigolait bien, et mon Pou et moi respirions. Ouf, les apparences sont sauves, ils n'ont toujours pas compris que j'avais 2 mains gauches, voire 2 pieds gauches, que je ne connaissais pas mes tables de multiplication, que le bricolage était un mystère pour moi, bref, que ce côté fifille blonde que j'essaie de camoufler sous ma tignasse est quand même assez présent.
Ils y croyaient, dur comme fer.
La preuve, hier soir encore, on m'a demandé qui était le président en 1910. J'ai balbutié un... heu, hum, c'est avant Poincaré, hein, mais alors qui... Ca les a épatés, "avant Poincaré"... Je priais pour qu'ils ne me posent pas plus de questions, j'avais juste ce vague souvenir : Première Guerre Mondiale, Raymond Poincaré, Clémenceau, les Brigades du Tigre... ahem... J'ai changé de conversation.
Puis il y a eu aussi : "allez, viens faire sauter ta crêpe !" heu... dans ma tête, j'ai eu un flashforward : je me suis vue, lançant la crêpe, la loupant, essayant de la rattraper, flanquant le saladier de pâte par terre. J'ai eu cette excuse magique : "nan, mais avec ma polyarthrite, je peux pas, toussa toussa..." Regards tristes et compatissants. Ouf, sauvée, ça faisait 2 fois dans la même soirée, il était temps que je parte. Ce que je fis.
Puis tout à l'heure... Vers 16h30, coupure de courant. Hum. Spa comme s'il faisait -10° dehors et qu'on avait des radiateurs électriques. Ah si ? Ah ok. Bon, ben si alors. Du coup, avant d'accuser le froid, l'edf, et un peu la moitié de la terre, je me suis dit : "attends, fais pas ta cruche, s'il faut, c'est juste que ça a disjoncté". Je file donc au garage, essaie d'allumer la lumière (ah ? ça marche pas ! ah ben oui... pudjus...)... Je repars dans la cuisine, j'attrape un briquet, et je vais au compteur. J'appuie sur le bouton, une fois, deux fois, trois fois : toujours rien. Bref, là, c'était vraiment la faute du froid, de l'edf et la moitié de la terre.
Je repars me mettre au chaud, et au bout d'un moment, je me dis, tiens, je vais me faire un thé, pas d'électricité, mais spa grave du tout, on a une plaque au gaz ^^
Je remplis la casserole, je la mets sur le brûleur, tourne le bouton du gaz, appuie sur le biniou pour allumer... rien. Ah oui... pudjus... briquet...
Toute fière, j'avais réussi à faire un thé sans électricité (pas sans mal je vous l'accorde, mais quand même...), j'envoie un message à mon Pou : "coupure d'électricité, mais ça va, je gère".
Au bout d'une heure, il m'appelle, et me dit qu'il va quand même appeler les voisins, pour voir... (je le sentais suspicieux). 3 secondes après le téléphone sonne : "Gilles arrive, il comprend pas, y a de l'électricité chez lui".
Effectivement, Gilles arrive, je lui explique que ça sert à rien d'aller au compteur, que j'ai déjà appuyé 12 fois sur le bouton, et que ça venait pas de là. Il me croit, ou fait semblant de me croire, mais va quand même dans le garage, au compteur. Et il appuie. Sur le bouton. Et la lumière fut. Et fuck...
6 mois foutus en l'air pour un putain de bouton...
Allez les gens, c'est pas tout ça, mais faut qu'je file.
;-)